Entreprise grenobloise fortement impliquée dans la RSE, IdFuse porte une attention particulière au bien-être de ses équipes. Depuis quelques mois, elle expérimente la semaine de 4 jours. Sophie Monin, chargée d’affaires chez IdFuse et Stéphane Glasson, dirigeant et fondateur, partagent leur premier retour d’expérience.

Comment a germé l’idée de la semaine de 4 jours chez IdFuse ?

Stéphane Glasson : De l’expérimentation menée par la société LDLC, spécialiste de l’high-tech et du matériel informatique et en croissance forte. Son dirigeant, Laurent de la Clergerie, l’a impulsée et orchestrée dans ses équipes en janvier 2021 et n’a eu de cesse, depuis, d’en partager tous les bienfaits. Ceux vécus par ses 800 collaborateurs bien sûr ! Il n’a pas sorti ce concept “de son chapeau”, mais en se nourrissant de multiples expérimentations menées ailleurs qu’en France : au Japon (chez Microsoft par exemple), en Angleterre ou en Espagne.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à le déployer dans votre structure ? 

S.G. : Dans une TPE, les enjeux sont bien sûr différents, mais l’objectif est le même. D’abord contribuer au bien être du salarié : la semaine de travail est plus courte, la fatigue moins grande. Elle participe aussi d’un meilleur équilibre entre vie de famille/personnelle et professionnelle. Le temps libéré peut permettre de contribuer différemment à la société : en consommant autrement, en s’impliquant dans des projets qui tiennent à cœur. Cette double facette – individuelle et sociétale – a été un déclic pour moi.

Comment ce changement d’organisation du travail a-t-il été déployé chez vous ? 

Sophie Monin :  L’initiative est récente : elle remonte à fin juillet 2022, nous manquons encore de recul sur ses bénéfices. Au départ, nous avons été conseillés par le cabinet RH Semawe qui nous accompagne par ailleurs sur la mise en œuvre de l’holacratie chez IdFuse.

Concrètement, nous sommes passés à des journées de 8 heures sur 4 jours (au lieu de 7h sur 5 jours). Et sur les 5 jours de la semaine, chacun choisit soit 2 ½ journées en off, soit une journée en continu en off.

À titre personnel, quel choix avez-vous fait ? 

S.M.: Pour le moment, je suis off lundi après-midi et mercredi après-midi. Chacun s’organise en fonction de ses responsabilités familiales, de ses engagements associatifs… L’essentiel étant que nous respections un principe d’équité : nous veillons par exemple à ce que nous puissions à tour de rôle profiter sur une certaine durée d’un lundi off ou d’un vendredi off. Comme l’équipe est resserrée, cela se fait en bonne intelligence !

 

L’expérience est encore jeune. Quelles leçons en tirez-vous ? 

S.G. : Comme nous évoluons historiquement dans le secteur de l’IT, nous travaillons depuis toujours en mode agile. Il n’y a donc pas de rupture. La difficulté provient surtout du fait que nous ne sommes pas géographiquement proches avec une bonne partie de l’équipe basée à Venise, Lyon ou à Lausanne. Il faut redoubler de vigilance sur l’organisation et veiller à conduire les projets en mixant télétravail et semaine de 4 jours. Cela a rajouté un peu de stress chez certains collaborateurs au départ. 

S.M.: Au-delà de la capacité plus ou moins grande de chacun à s’organiser, il y a aussi un challenge culturel : dans les métiers du service, nous sommes attendus sur la réactivité, partie intégrante de la qualité de service rendue au client. À titre personnel, il m’arrive donc de traiter des demandes clients alors que je ne suis pas censée travailler. C’est un cheminement personnel à conduire ! 

Un mot pour conclure ? 

S.G. : La semaine de 4 jours a ses détracteurs, en termes de productivité notamment. Dans le secteur de l’IT, il y a un ralentissement de l’activité, qui fait suite à l’accélération des demandes imputables à la pandémie. C’est assez malhonnête d’attribuer un ralentissement de l’activité d’une entreprise de l’IT à la semaine de 4 jours, alors que le secteur dans son ensemble marque le pas. 

 

Certaines critiques portent aussi sur le fait que la semaine de 4 jours attirerait des collaborateurs moins impliqués ou moins désireux de travailler. Je pense que c’est faux. Au contraire ! Cela attirerait des profils en recherche d’un meilleur équilibre vie pro/vie perso, qui ont aussi une forte autonomie et capacité à se responsabiliser. 

S’il est trop tôt pour tirer un bilan définitif, nous sommes prêts à le remettre en cause si ça ne marche pas. La promesse de la semaine de 4 jours mérite dans tous les cas d’être testée. Et ce n’est certainement pas un hasard si le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprises), qui milite fortement pour la contribution sociétale des entreprises, défend cette organisation du travail. 

 

 

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